MY LADY
Quoi de plus admirable que cette femme qui voue sa vie à son travail, c'est-à dire à autrui ?! Je traduis : elle fait passer TOUS les autres avant elle-même et avant sa propre vie.
Impressionnant.
L'histoire est belle, et très intéressante. À chaque nouveau cas de MY LADY, on est forcément touchés. Elle doit par exemple décider de si oui ou non il faut séparer 2 bébés siamois, sachant que s'ils ne sont pas séparés ils mourront tous les 2, et que s'ils sont séparés l'un d'eux pourra survivre. C'est dur, oui, mais il faut bien prendre une décision, n'est-ce pas ?!
Ce qui me semble incroyable : ça me semble tellement injuste que cette femme, qui tente de prendre des décisions justes soient constamment jugée et remise en question !! qu'elle doive sortir du Tribunal par la porte de derrière pour ne pas avoir de problèmes. Elle est bien consciente que quoi qu'elle fasse, la soi-disant moralité la jugera ; alors, quelle est cette prétendue moralité ??!! Elle le dit d'ailleurs, bien clairement : elle ne prend pas ses décisions guidée par la moralité, elle ne peut pas se permettre ce luxe, mais guidée seulement et uniquement par la vie ou/ la survie des mineurs dont le sort est tombé entre ses mains.
Deux acteurs exceptionnels : Emma Thompson & Stanley Tucci. Ils ont toute mon admiration, dans ce film, et dans leur travail en général. Grandes interprétations, toujours.
Bande-annonce : elle est bien réalisée. Vendeuse, dirais-je. Mais la lenteur du film y est omise. Volontairement, j'entends. Et pourtant, cette lenteur, qui à la fois apporte de la douceur dans les personnages, est essentielle. On ne peut rentrer que progressivement dans le drame.
La musique est belle. Elle envoûte, dirais-je. D'une tristesse extrème.
Malgré le fait que ce soit un drame, parce que ça l'est !! il y a des moments drôles. Ou du moins inattendus, et qui font sourire. Mais ils sont bien vite rattrappés par de la grisaille, qui les ternit très rapidement. C'est un drame, dans son sens le plus strict du terme.
Peut-être y a-t-il un message d'espoir ... je ne sais pas, en l'amour peut-être ... c'est vrai, le couple de MY LADY (Fiona) et son mari est très touchant et a de très beaux sentiments ... mais il y a tellement de tristesse, et de DISTANCE dans leur relation. Jusqu'à l'image finale, où ils marchent côte à côte, sortant d'un cimetière (on est toujours dans un registre très gai, n'est-ce pas?) sans même s'effleurer. Et on sait qu'ils s'aiment !!! J'avais envie de crier à S. Tucci : "Mais prends-lui la main, bon sang !! Qu'est-ce que t'attends ??!!" Mais non. Rien.
Curieuse : l'histoire entre MY LADY et Adam, l'adolescent témoin de Jéhova à qui elle essaie de sauver la vie. Tout est très pur, très beau dirais-je. Jusqu'au moment où on découvre qu'il y a quelque chose de "pas net" dans toute cette histoire : en fait, on ne comprend pas pourquoi elle est allée voir ce jeune homme à l'hôpital, alors que sa décision était déjà prise. C'est à l'encontre de sa logique et de son professionnalisme. Ce personnage est tellement "correct" sous tout point de vue, toujours très mesuré ... elle ne se laisse pourtant pas emporter plus loin qu'un simple baiser que ce jeune homme lui dérobe bien maladroitement.
Je ne sais pas. Je suppose que je suis sensée comprendre qu'elle en tombe amoureuse, tout en continuant d'aimer son mari, bien sûr. Mais ce n'est pas ainsi que je l'interprète : ce que moi je vois, c'est simplement une femme touchée par ce jeune homme et ses circonstances.
Est-ce là le jeu de l'actrice, qui est très fin, très subtile ? Est-ce là ma propre sensibilité ? Je l'ignore. Peut-être que c'est tout simplement que je préfère le traduire ainsi.
Point négatif : l'histoire se déroule à Londres. Alors, déjà c'est un film gris, si on rajoute le "smog" londonien, c'est carrément déprimant ... invitation au suicide ??? Londres est bien présente, oui, froide, pluvieuse, rigide, le respect des traditions envers et contre tout.
De Londres, j'ai aimé : les galeries, l'importance des arts dans la culture anglaise (qui donc protège l'art, sous toutes ses formes) et dans la vie de ses citoyens au quotidien ... c'est par exemple la musique qui rapproche initialement Fiona et Adam ... ou très émouvant le moment où Fiona se fait offrir son piano par son époux amoureux ...
Fin du film : non, je ne vais pas la raconter !! Musique et scène de fin. Je m'énerve. Définitivement, ce film, bien que très beau, m'a donné froid. Il est froid de sentiments. Il est froid d'espoirs. Tout est gelé dans ce film, même les lueurs que l'on peut voir parfois poindre. Quasiment contrariée d'être allée le voir sur grand écran. Et je me demande : MY LADY, oui, tu as toute mon admiration, mais qu'as-tu fait de ta vie ? Où es-tu donc sous cette froideur, parfois sarcasme et ironie, parfois douceur lorsque tu effleures les touches de ton piano, oui ... mais pourquoi cette sensation d'avoir face à soi un robot qui a annulé tout espoir de flamme dans sa propre existence ?!
Morale : on peut prétendre sauver quelqu'un, oui. On peut. Mais en fin de compte, on ne peut pas sauver quelqu'un envers et contre lui-même. C'est là toute la problématique de la liberté individuelle.
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